Expiré : 2023/02/02 – 2 février – 4ème séance du séminaire GEO Gestion-Economie-Organisation – Mehrdad Vahabi

 

La quatrième séance du séminaire GEOGestion-Economie-Organisation” de l’équipe SPI-CEPN aura lieu le Jeudi 02 Février entre 12h30 et 14h00. À cette occasion, nous aurons le plaisir d’accueillir Mehrdad Vahabi (CEPN, et USPN), qui fera une présentation de son ouvrage intitulé : ” Destructive Coordination, Anfal and Islamic Political Capitalism: A New Reading of Contemporary Iran “.

Cette séance se déroulera en présentiel sur le campus de Villetaneuse, salle K 301. Afin de permettre au plus grand nombre de personnes d’assister au séminaire, la séance sera également diffusée par vidéoconférence via le lien suivant : https://cnrs.zoom.us/j/93833944046?pwd=bDFUTXg0YTBacUkxWlVlelJZZUVYZz09

ID de réunion : 938 3394 4046
Code secret : DLzvG8

Résumé de l’intervention :

L’islam politique est devenu « révolutionnaire » en 1979 avec la révolution iranienne. Mais par la « révolution », on n’entendait qu’une renaissance de l’islam originel (revivalism) tel qu’il avait été pratiqué par le prophète Mohamed. Cet islam est souvent décrit comme une nouvelle alternative face au capitalisme et à l’impérialisme occidental.
L’hypothèse d’un islam anticapitaliste infirme le message de Maxime Rodinson (1973) concernant la compatibilité de l’islam et du capitalisme et conforte plutôt la thèse de Max Weber (1922) soulignant l’opposition entre les deux. Cette question purement théorique concernant le lien entre l’islam et le capitalisme a trouvé un laboratoire d’expérimentation sociale : la révolution iranienne de 1979 et l’instauration de la République Islamique d’Iran.
Quelle est la relation entre le capitalisme et l’islam tel qu’il a été pratiqué en Iran pendant ces quatre dernières décennies ? Est-ce que les institutions inspirées par l’islam chiite ont accéléré le développement capitaliste ? Quel est le programme ‘économique’ de l’islam politique ? Autrement dit, quel est l’incidence de la jurisprudence islamique sur le développement capitaliste ? Mon nouvel ouvrage se propose de passer en revue ces questions. Pour répondre à ces questions, j’ai orienté mes investigations vers deux domaines.
Le premier domaine comprend la jurisprudence chiite qui est différente des autres variantes de l’islam sunnite. Notre connaissance dans ce champ est très limitée et chez les économistes, elle est pratiquement inexistante. L’économie islamique dans la littérature économique se réduit à la « banque islamique » ou les produits financiers islamiques « sans intérêt » et aussi halal et haram. On ignore totalement les préceptes islamiques chiites ou sunnites sur la « finance publique » et les sources de la « trésorerie publique ». Au Moyen orient et en Afrique du Nord où les recettes pétrolières constituent la principale part des revenus de l’Etat, et l’Etat détient un rôle autonome par rapport aux classes sociales, il est absolument indispensable de vérifier comment la finance publique est gérée.
Anfal en islam chiite définit le principe édifiant de la finance publique. Selon Anfal, tous les biens publics n’ayant pas un propriétaire (ce que dans les lois romaines sont nommés res nullius) appartiennent uniquement à l’imam (et non pas toutes les musulmanes) et en son absence au jurisconsulte suprême. Quelle est l’incidence d’Anfal sur le développement capitaliste ? Anfal fusionne la propriété et la souveraineté et se heurte au développement de la propriété privée et de la production capitaliste. Néanmoins, il promeut la recherche de la rente ou profit monétaire par des canaux politiques et hors marché. En d’autres termes, Anfal conforte l’appropriation capitaliste mais s’oppose au développement de la production et accumulation capitaliste. Cela nous amène à un second champ de recherche.
Qu’entendons par le capitalisme ? S’agit-il de la distribution ou de la production capitaliste ? Par la ‘distribution’, j’entends la recherche de profit et de la rente monétaire, alors que la production renvoie aux rapports marchands étendus. Cette distinction est importante pour comprendre la préhistoire de la production capitaliste surtout le développement du mercantilisme (Braudel 1979) et du capitalisme politique (Weber 1905, 1922). Anfal est non seulement compatible avec le « capitalisme politique » mais elle contribue aussi à la genèse d’une nouvelle forme du capitalisme politique que je nomme « capitalisme politique islamique ». Au contraire, Anfal provoque de nombreux obstacles au développement de la production capitaliste ou de la coordination par le marché.
En résumé, mon ouvrage se veut une double contribution à deux champs de recherche, à savoir l’étude de l’économie islamique et du capitalisme en introduisant la thèse de la variété des capitalismes politiques et en se focalisant sur le capitalisme politique islamique.