Pour une élaboration démocratique des priorités de santé
Coordination : Philippe Batifoulier et P-H Bréchat
Les Tribunes de la Santé, Sève, Hors-série, mars 2014
Une préoccupation essentielle des politiques économiques de santé est la définition de priorités en matière de stratégie de santé et de financement des soins. Certains soins et pas d’autres, certains patients, certaines actions améliorant la santé de la population font ou doivent faire l’objet d’un traitement prioritaire justifiant une prise en charge financière consistante. Il convient alors de justifier ces priorités et d’identifier les critères qui doivent présider à leur établissement. Cette problématique des ordres de priorités s’est installée dans le débat public (scientifique et politique) au travers de la définition du « périmètre des soins remboursables » ou du « panier de soins » devant être pris en charge par les budgets publics. Le durcissement de la contrainte budgétaire a renforcé l’importance de la question des priorités de santé. La vision dominante de la dépense sociale comme un coût appelle une réduction de la voilure de l’intervention publique en santé au nom de sa soutenabilité économique. Mais la soutenabilité sociale exige de moraliser les coupes budgétaires et réclame ainsi d’identifier ce qui doit être protégé de l’austérité sanitaire. On peut alors penser les priorités de santé autrement que comme des moyens de moduler la réduction des budgets publics. Sans remettre en cause le fait que les ressources allouées à la santé sont nécessairement limitées, on peut faire des priorités de santé des objectifs de solidarité. Le mieux être de la population passe par des actions prioritaires en matière de lutte contre les inégalités sociales de santé ou d’accès territorial et financier aux soins. Il s’agit alors de rendre justice à la qualité primordiale de la santé qui est l’ingrédient fondamental du bien vivre.