Axes et équipes de recherche

 

Axe 1 – Mondialisation, finance et inégalités (MFI)

Animé par Dany Lang

Cet axe fédère les programmes de recherche du CEPN portant sur la dynamique de la mondialisation et du capitalisme contemporain. Les sujets centraux de cet axe transversal sont le développement, le capitalisme financier, les inégalités socioéconomiques et identitaires. L’une des hypothèses communes à la plupart des recherches menées dans l’axe transversal « Mondialisation, finance et Inégalités » (MFI) est que le développement – dans ses dimensions économique, sociale et environnementale – est largement conditionné par le régime de croissance financiarisé et mondialisé de la période contemporaine.
Il s’agit de s’interroger sur l’impact de l’intégration internationale, sur les trajectoires des pays et, en leur sein, sur la distribution des revenus et les inégalités socioéconomiques. Inversement, on étudie comment les inégalités socioéconomiques et les inégalités fondées sur l’identité des individus (culturelle, de genre, sociale…) modifient les régimes de croissance nationale en créant des discriminations d’accès à l’éducation et à l’emploi qui influencent les revenus.
La financiarisation de l’économie s’est caractérisée par une forte instabilité, illustrée par la récurrence des crises dans les pays avancés. Nous cherchons à expliquer cette instabilité sur un plan microéconomique en étudiant les principaux acteurs financiers (banques, fonds d’investissement) et sur le plan macroéconomique par une étude des principaux déséquilibres engendrés par ce régime de croissance. Enfin, nous menons une réflexion sur les politiques de régulation du système bancaire et financier et notamment sur le rôle des banques centrales. Ces questions sont analysées de manière complémentaire en mobilisant les théories post-keynésienne, marxiste, régulationniste et institutionnaliste concernant le rôle du système financier et bancaire dans une « économie monétaire de production », la dépendance au sentier et la modélisation dynamique des équilibres mouvants, la modélisation post-kaléckienne des problèmes de croissance-répartition, les problèmes de croissance de long-terme en économie ouverte.
Les recherches menées dans l’axe transversal « Mondialisation, finance, Inégalités » (MFI) ont donc quatre caractéristiques structurantes :
-*les recherches sont fondées sur des cadres théoriques institutionnalistes, régulationniste et post-keynésiennes ; -*la plupart des recherches se situent dans un cadre d’économie internationale ; -*les travaux ont une démarche d’économie appliquée et développent une modélisation macroéconomique originale ; -*l’un des objectifs des recherches est de contribuer à définir de nouvelles formes de régulation et des recommandations pour les politiques publiques.

Programmes de travail associés : EMOI, DEFI et MIAP

 

Axe 2 – Dynamique des institutions et des marchés (DIM)

Animé par François Moreau

S’il est admis par le monde des économistes que « les institutions importent », beaucoup reste à faire pour mieux comprendre, dans une configuration donnée, quelles institutions importent et comment elles agissent et contribuent à fixer les comportements des acteurs. En partant du principe que les institutions sont à la fois des (i) ensembles de contraintes qui, en réduisant l’incertitude, favorisent l’établissement de régularités et (ii) des ensembles de ressources à la disposition des acteurs, ressources qu’ils mobilisent dans l’accomplissement de leurs projets propres et singuliers, le programme de recherche déployé dans cet axe transversal entend se confronter à l’élucidation des dynamiques qui influencent la transformation des institutions. Dans cette démarche une attention particulière est apportée aux transformations qui affectent cette institution centrale du capitalisme qu’est le marché, entendu comme ensemble de règles, de normes et de routines où se confrontent des acteurs aux plans et aux intérêts essentiellement dissemblables.
Dans les économies contemporaines, marquée par la crise et des tensions extrêmes, on assiste à de véritables aggiornamenti institutionnels et à la production d’ensembles de règles inédits. Les arrangements institutionnels développés pour répondre aux grands problèmes économiques de notre époque relèvent le plus souvent de l’innovation, du marché et de la concurrence, ce qui se traduit par la création de cadres juridiques et institutionnels en rapport avec les objectifs poursuivis : la libéralisation des marchés financiers depuis trente ans ou des industries de réseaux depuis 20 ans, les politiques d’innovation et de recherche visant à trouver les meilleurs compromis entre protection et création en matière de propriété intellectuelle, la construction de nouveaux marchés pour réduire la pollution (banques d’actifs naturels et permis négociables), les réformes des normes comptables visant à rationaliser l’évaluation monétaire et financière, la managérialisation de la gestion des organisations publiques ou parapubliques, etc.
Les firmes, les institutions intermédiaires entre les agents et les États, les institutions internationales et des agents privés comme les agences de régulation, les forums internationaux, les associations professionnelles ou les ONG créent des lois, des règles, des normes et des standards qui façonnent les marchés, étendent leurs espace, et élargissent les stratégies des firmes. Cette production du droit (fuzzy law ou soft law) par les agents privés et les institutions publiques permet d’étudier des problèmes empiriques majeurs tels que l’innovation dans les domaines de la connaissance et de l’immatériel, les droits de propriété intellectuelle et les communs, ainsi que leur application dans les domaines du culturel et du numérique ou la santé. Parallèlement (et souvent en lien avec ces évolutions), l’émergence de nouveaux marchés (dans le domaine de la culture et du numérique, de l’éducation, de la santé ou de la finance) conduisent à l’établissement de règles et problématiques institutionnelles propres que cet axe transversal contribue à analyser.
Dans ce contexte les firmes, en pesant sur l’élaboration des lois et règlements, des normes et standards, des codes de bonnes pratiques et autres chartes de gouvernance ou de déontologie, deviennent indirectement des acteurs majeurs du processus de changement. A la recherche d’opportunités renouvelées de profit, les firmes les plus innovantes, tirent parti du durcissement considérable des droits de propriété intellectuelle auquel on a assisté au cours des 30 dernières années. Une partie des firmes met en œuvre des stratégies visant à établir leur domination sur les marchés par la connaissance. Nombre d’entre elles, moins bien dotées en ressources immatérielles s’efforcent de tirer parti des opportunités offertes par les changements réglementaires ou législatifs pour déployer des stratégies purement régressives en multipliant les statuts infériorisés du salariat du et en segmentant les marchés du travail et de l’emploi, modifiant là encore les règles du jeu jusque là en vigueur.
En étudiant les processus à l’œuvre dans ces grandes reconfigurations notre ambition est aussi de contribuer à mieux comprendre les mutations du capitalisme contemporain, et en particulier l’extension des marchés à des domaines immatériels, qui en est une des facettes les plus visibles. L’axe transversal s’intéresse ainsi au caractère incitatif des cadres juridiques et institutionnels et à des questions normatives autour des « bons » régimes de propriété intellectuelle. Enfin, l’évolution du droit reflétant en partie celle de la société, les litiges et controverses juridiques fournissent un point d’observation intéressant pour saisir certains changements de comportements (e.g. les formes de contrefaçon).
Précisons encore que l’axe 2 (DIM) est original en ce qu’il s’intéresse à l’analyse juridique et statistique de données juridiques (arrêts, jugements… rendus, par exemple, sur des litiges concernant la propriété intellectuelle, la propriété de bases de données, la largeur et profondeur des brevets, et, de manière plus générale, l’utilisation du droit de la propriété intellectuelle à des fins stratégiques). Plus largement, on explorera certaines des méthodes quantitatives de l’analyse institutionnelle. On cherchera aussi à développer une perspective longue, reposant sur des études historiques.

Programmes de travail associés : PROPICE, STRAS, EMOI et EGCN

 

Axe3 – Réseaux et interactions stratégiques (RIS)

Animé par Damien Besancenot

Le but de cet axe transversal est d’avancer dans les connaissances des structures et des dynamiques des réseaux et d’améliorer la prise en compte des interactions stratégiques dans l’économie. Ces réseaux peuvent tout à la fois être des réseaux de médias, des réseaux sociaux ou encore des réseaux regroupant certaines catégories d’individus (comme les migrants de même origine ou les chercheurs en économie), ou certaines catégories d’acteurs (comme les réseaux regroupant les entreprises d’un même secteur ou les groupes de pays d’un niveau de développement comparable). Ils regroupent un ensemble d’entités (individus ou personnes non morales) qui interagissent plus spécifiquement entre elles qu’avec d’autres, Les réseaux constituent donc une large base de l’économie actuelle.
Ces réseaux sont aujourd’hui essentiels à la compréhension de mécanismes économiques, et ce tant aux niveaux macroéconomique que microéconomique. Ils participent à la circulation de l’information, créent des connaissances ou des croyances sociales communes, influencent les comportements individuels qui, par leurs interactions, produisent des comportements collectifs. Cette information peut être sélectionnée, dissimulée, manipulée et faire l’objet de comportements stratégiques. Elle permet aussi bien de comprendre l’action d’une entité isolée que celle d’un groupe d’entités de par l’établissement de connaissances communes ou de croyances sociales communes. Ces dernières vont être déterminantes à cause de leurs effets sur les politiques économiques de gouvernements, sur les conséquences de choix individuels ou encore l’interaction des deux. Dès lors, l’étude des réseaux, de leur constitution et de leur fonctionnement est un champ d’étude des plus prometteurs en économie. Si la démarche n’est pas nouvelle, l’analyse fait l’objet d’une large quantité de travaux depuis longtemps, elle doit cependant être renouvelée pour tenir compte de la croissance des interactions accompagnant le développement de la globalisation (les contrats se complexifient et de nouveaux enjeux comme le changement climatique apparaissent) et des réseaux de communication. Dès lors, ces interactions deviennent de plus en plus stratégiques et le domaine d’étude nécessite de constants développements.
De plus, la problématique des réseaux et celle des interactions stratégiques sont interconnectées. D’une part, les éléments au sein des réseaux ne se résument pas à des électrons interagissant entre eux, ils sont aussi des acteurs stratégiques qui vont adopter des comportements stratégiques dans ces réseaux de façon à s’octroyer un avantage à l’intérieur ou à l’extérieur de celui-ci. D’autre part, les réseaux interagissent entre eux, soit en formant des réseaux de réseaux soit par l’interaction d’entités de plusieurs réseaux soit par la présence dans plusieurs réseaux de certaines entités. A nouveau, ces interactions sont pour certaines relativement automatiques, mais la plupart d’entre elles sont gouvernées au moins en partie par des comportements stratégiques. Dès lors, la question des interactions stratégiques est totalement complémentaire à l’étude des réseaux.
Les travaux menés dans le cadre de l’axe 3 (RIS) visent, dans ce cadre, à une meilleure appréhension des effets de politiques économiques, du déclenchement ou de la propagation de crises, de la constitution stratégique de réseau, de l’impact de la dimension internationale sur le fonctionnement des réseaux et sur l’évolution des stratégies mises en place par les différents acteurs, dans différents domaines et secteurs de l’économie. Les trois niveaux pertinents d’analyse concerneront l’individu, l’entreprise (ou les organisations non gouvernementales) et enfin les Etats. Les réseaux ou interactions stratégiques peuvent être observés soit au sein de ces trois populations, soit entre ces populations.

Programmes de travail associés : MASC, EGCN et STRAS.