Revue du MAUSS – Marchandiser les soins nuit gravement à la santé
(Coordination : Philippe Batifoulier, Alain Caillé et Philippe Chanial)

Marchandiser les soins nuit gravement à la santé
Coordination : Philippe Batifoulier, Alain Caillé et Philippe Chanial
Revue du Mauss, n°41, 2013

 

« La santé n’a pas de prix. » Mais elle a un coût. Pour autant, vouloir marchandiser et comptabiliser tous les soins, dans toutes leurs composantes, même les plus minimes, ne constitue-t-il pas une stratégie absurde ? Le triomphe de l’économisme et de la rai-son utilitaire ne nuit-il pas gravement à la santé ? Et, paradoxalement, ne se révèle-t-il pas au bout du compte inefficace, coûteux et antiéconomique ?
Il est en effet difficile de comprendre le fonctionnement du système de santé avec le langage de l’économie standard et du new public management qui s’en inspire. Comme si le patient était naturellement un consommateur, un rusé maximisateur. Comme si, pour médecins et soignants, la recherche du gain constituait l’objectif principal et l’opportunisme l’unique métrique. Ne faut-il pas, au contraire, prendre au sérieux l’existence d’une éthique anti-utilitariste chez les soignants, au lieu de tenter de les transformer, par diverses récompenses financières, en chasseurs de primes ? Un jeu perdant-perdant.
Il est grand temps de réfléchir à une politique de santé alternative, résolument anti-utilitariste, qui fasse, aussi, toute sa part au don et à la gratuité dans l’acte de soin.