Présentation de l’axe Dynamiques du capitalisme et analyses post-keynésiennes (DyCAP)

 

Directeurs : Cédric Durand et Dany Lang

 

Le programme de recherche de l’axe “Dynamiques du capitalisme et analyses post-keynésiennes” (DyCAP) est d’analyser les dynamiques du capitalisme contemporain dans l’espace et dans le temps.

Pour ce faire, les chercheurs de l’axe proposent des analyses macroéconomiques, internationales et sectorielles. Le programme mobilise les boîtes à outils des gestionnaires (nouveau management critique, chaînes globales de valeur, standards, comptabilité …) et celles des traditions critiques en économie (post-keynésiennes, marxistes et régulationnistes, entre autres) pour rendre compte des mutations économiques contemporaines et de l’hétérogénéité des trajectoires d’emploi et de développement, au nord comme au sud.

Dans le sillage de la grande crise qui s’est ouverte en 2008, la stagnation économique, le sous-emploi endémique et l’accentuation des inégalités de revenu et de patrimoine sont devenues des préoccupations publiques majeures. Ces questions se superposent à des désordres monétaires, financiers, politiques – notamment dans le cadre européen – et environnementaux symptomatiques des difficultés afférentes à l’émergence de nouveaux régimes d’accumulation. Pour évaluer les transitions possibles, il est nécessaire d’étudier les causes et dynamiques des cycles en régime de croissance financiarisé – et en particulier de comprendre les rôles respectifs des facteurs réels d’une part, bancaires et financiers de l’autre. Dans le même temps, la remise en cause croissante de la mondialisation, le risque de stagnation durable et la montée en puissance de l’économie du numérique et des contradictions environnementales soulèvent de nouveaux défis pour les théories économiques et en gestion.

Ensemble, ces éléments contribuent à l’entrée en crise du néolibéralisme ce qui se traduit par des révisions de corpus théoriques de la part des institutions internationales, par exemple en matière de politique budgétaire et monétaire –  et augure d’une plus grande fluidité des politiques publiques.

Pour se saisir de ces problèmes, les travaux de l’axe mobilisent différentes méthodologies comprenant l’enquête théorique et empirique qualitative ; l’identification des faits stylisés ; l’étude de l’histoire et des institutions ; la construction de modèles théoriques et leur calibration ; les analyses économétriques. Dans le domaine de la modélisation, le développement des modèles post-keynésiens de croissance et répartition et de modèles stock-flux cohérents et/ou à base d’agents constituent une dimension saillante de l’originalité des recherches menées au sein de cet axe dans le paysage scientifique français. Plusieurs chercheurs travaillent ainsi à des techniques de modélisation prenant en compte l’incertitude fondamentale et de la non-ergodicité des systèmes économiques afin d’offrir une compréhension plus riche des mécanismes et politiques économiques.  En outre, les modèles stock-flux cohérents constituent l’espace privilégié du champ émergent de la macroéconomie écologique, à l’entrecroisement de l’économie écologique et de l’économie post-Keynésienne.Les partenariats avec la société civile et la publicisation des résultats sous forme de recommandations de politiques économiques sont recherchés et encouragés.

 

Programmes structurants

 

1 – Mutations du capitalisme contemporain

Depuis la grande crise de 2008, la tendance de long terme à la diminution des taux de croissance s’est confirmée dans les pays riches et s’est même étendue aux pays émergents, donnant lieu à un renouveau des thèses stagnationnistes et au retour de la thématique de l’hystérèse du chômage. Ce programme étudie les facteurs qui limitent le potentiel de production des économies et contribuent au chômage et à sa persistance. Une attention particulière est attachée aux liens entre l’affaissement de la demande, le ralentissement des gains de productivité et la persistance d’un chômage élevé.

Les chercheurs de ce programme se penchent également sur les transformations qualitatives des relations socio-économiques associées aux mutations du capitalisme contemporain. Dans cette perspective, les limites de la financiarisation et de la mondialisation des échanges, la centralité acquise par l’économie de la connaissance à l’âge du numérique, la concentration industrielle et de la propriété et l’accroissement des inégalités sont abordés.

Les travaux portent aussi sur les déterminants des cycles dans le capitalisme contemporain. Il s’agit, entre autres, de mieux comprendre la variabilité des multiplicateurs budgétaire et fiscal au cours du cycle. Des modèles d’inspiration minskienne ou steindelienne sont également développés pour mieux saisir et mesure l’impact de la financiarisation et des crises financières sur les économies développées.

Enfin, plusieurs chercheurs de ce programme s’intéressent à l’économie de la transition écologique. La crise actuelle et la problématique de la stagnation ne peuvent s’abstraire de leur contexte global, qui est celui d’une crise écologique majeure. On s’intéresse ici aux semences et leurs enjeux agricoles ; au rôle joué par l’énergie et l’environnement et la manière dont ils peuvent être intégrés dans les modèles stock-flux cohérents ; aux politiques permettant d’assurer à la fois la transition écologique et le plein-emploi.

 

2 – Mondialisation et inégalités

Ce programme s’intéresse aux dynamiques du commerce et de l’investissement direct dans le capitalisme mondialisé. Il étudie l’organisation des chaînes globales de valeur, la place des multinationales, le rôle des institutions internationales et discute les doctrines concernant le développement et les politiques économiques afférentes. Les investissements internationaux y sont analysés selon leur double aspect de flux et de stocks. Des analyses empiriques des écarts de coûts observés entre pays, ainsi que des règles de formation des prix des transferts internationaux au sein des FMN sont menées.

Les chercheurs de ce programme portent une attention particulière à la dynamique des inégalités, tant fonctionnelles qu’interpersonnelles. Il s’agit, entre autres, d’étudier les régimes de croissance des pays développés et émergents (wage-led, profit-led, export-led, …), les dynamiques cumulatives engendrées par la déformation de la valeur ajoutée et d’en tirer les conséquences pour les politiques économiques. Des travaux récents insistent sur la prise en compte de l’aspect genre dans les politiques de lutte contre les inégalités.

 

3 – Dynamiques et crises de l’intégration européenne

Ce programme étudie les évolutions récentes du processus d’intégration européenne. Les chercheurs qui y sont impliquées examinent à la fois la dynamique interne à la hiérarchie des institutions européennes en termes d’élaborations des politiques économiques et les dynamiques macroéconomiques comparées associées à la monnaie unique.

Le rôle joué par les politiques structurelles de flexibilisation numérique externe ; la thématique dualisme sur le marché du travail ; la persistance de taux de chômage élevés font l’objet d’une attention particulière.

Le rôle des politiques conjoncturelles au sein de la zone euro fait l’objet de recherches spécifiques. Il s’agit, entre autres, de modéliser le comportement des banques commerciales au sein de la théorie de la monnaie endogène et de perfectionner les modèles stock-flux cohérents permettant d’évaluer différents scenarii de politiques économiques au sein de la zone euro.

 

Évènements probants et recherches marquantes

Ouvertes sur les autres disciplines (sociologie, sciences politiques, informatique, physique, histoire, géographie, …), les recherches développées au sein de l’axe sont également adossées à de très nombreuses collaborations avec des chercheurs internationaux. Les chercheurs de l’axe animent de nombreux réseaux  et partenariats internationaux de recherche.

Ils participent  au Labex SITES et portent notamment la Chaire senior Sorbonne Paris Cité (Marc Lavoie), , le projet interdisciplinaire à la MSH-Paris Nord sur l’emboîtement des crises et les chaînes globales de valeurs, le projet économie-informatique MACME (modelling and analysis of complex monetary economies).