Présentation de l’axe Financiarisation, Entreprise, Management et Economie Créative (FEMEC)

 

Directeurs : François Moreau et Sandra Rigot

 

Cet axe vise à analyser les multiples facettes des mutations entrepreneuriales et organisationnelles contemporaines, tant dans leur dimension économique que managériale. Ces mutations affectent : les processus d’innovations et de protection de la propriété intellectuelle, les modèles économiques, le management, la relation d’emploi, la RSE etc. La transition numérique constitue fréquemment un déterminant clé de ces mutations et l’économie créative un terrain privilégié. L’axe cherche également à approfondir la connaissance des mécanismes qui sous-tendent l’instabilité systémique du capitalisme financier via, d’une part, une analyse microéconomique des principaux acteurs du système financier (banques et fonds d’investissement) et de leur impact sur le comportement des entreprises ; et d’autre part, une réflexion sur la régulation financière et monétaire à travers l’étude du rôle des banques centrales et des autorités de supervision.

 

Programmes de recherche structurants

 

1 – Financiarisation et Gouvernance d’entreprise

Le système financier des pays développés occidentaux a connu depuis les années 1980 des mutations majeures dont l’une des évolutions les plus marquantes est sans doute l’implication croissante des marchés financiers et de nouveaux intermédiaires financiers dans le financement de l’économie. Les fonds de pension, les compagnies d’assurance et les fonds mutuels sont souvent mentionnés comme vecteurs de la financiarisation. Si cette financiarisation a été défendue théoriquement sous l’angle d’une allocation efficace de l’épargne grâce aux marchés financiers qui permettrait de financer davantage l’investissement productif, elle a transformé la gouvernance d’entreprise définie comme les rapports de pouvoirs entre actionnaires et dirigeants des firmes. En effet, sous la dynamique de la financiarisation, cette gouvernance se caractérise de plus en plus par une professionnalisation de l’administration des entreprises et par le pouvoir croissant d’intermédiaires financiers. Parmi eux, les gestionnaires d’actifs, au côté des actionnaires de contrôle traditionnels, sont devenus très influents via d’une part leurs interventions de marché lors de la réallocation de leur portefeuille, et, d’autre part, leurs interventions en assemblées générales opérées par les proxy advisors. Ces sociétés de conseil de vote acquièrent un poids de plus en plus important et tendent à uniformiser les pratiques de vote en assemblée générale. Enfin, ce régime de croissance à dominante financière est associé à une recrudescence de crises financières parmi lesquelles la crise des subprimes considérée comme la plus grave depuis la crise de 1929.

Ce programme de recherche vise à questionner le rôle théorique des intermédiaires financiers bancaires et non bancaires dans le financement de l’économie en s’appuyant notamment sur un cadre d’analyse institutionnaliste et régulationniste. Il s’agit d’étudier :

  • La gouvernance des fonds d’investissement et leurs stratégies de placement au regard des engagements contractuels vis-à-vis de leurs clients, de leur capacité de financement de l’économie en tant qu’intermédiaires financiers mais aussi de la stabilité financière.
  • Les régimes de gouvernance d’entreprise et notamment le comportement des principaux acteurs de gouvernance (dirigeants, administrateurs et actionnaires) en identifiant et analysant le rôle du conseil d’administration sur la stratégie de l’entreprise et sa performance.
  • Les innovations en matière de régulation financière induites par la crise de 2008 en vue d’alimenter la réflexion sur le nouveau paradigme de régulation du système bancaire et financier. Il s’agit de redéfinir le rôle des banques centrales en matière de politiques monétaires (conventionnelles et non conventionnelles) et de supervision, mais aussi le rôle des banques publiques de développement dans le financement des infrastructures et l’actionnariat des firmes.


2 – RSE et alter-management

Le programme RSEAM mobilise et développe des travaux portant sur la responsabilité sociale de l’entreprise, avec notamment une approche élargie du management prenant en compte l’enracinement historique et institutionnel des pratiques de gestion ainsi que la question de la pluralité des finalités de l’activité productive (économique, sociale et environnementale), et de leur articulation. Cette orientation répond à l’institutionnalisation croissante, aux plans national et international, des approches critiques en management et des problématiques de responsabilité sociale et de développement durable dans le management des organisations.

L’un des traits caractéristiques du programme consiste à aborder les problématiques du management dans des contextes organisationnels variés qu’il s’agisse de grandes firmes mondialisées, d’organisations de l’économie sociale et solidaire  ou de formes d’organisations alternatives telles qu’elles émergent dans le champ de l’économie collaborative. L’économie s’est elle aussi plus récemment intéressée à la RSE en explorant sa définition, ses fondements, que ce soit du côté  des consommateurs, des ONG ou, bien sûr, des entreprises ou encore ses frontières et les stratégies de communication des entreprises. Le programme regroupe une grande variété de travaux relevant principalement des thématiques suivantes :

  • Management responsable des chaines globale de valeur,  Gestion de l’emploi et égalité professionnelle, Marketing durable, management du tourisme durable,  Stratégies et pratiques d’éco-blanchiment (greenwashing).
  • Gestion des associations, innovation sociale  et modèles d’organisations alternatives, knowledge marketing, plateformes collaboratives, Histoire managériale.

 

3 – Connaissance, innovation et numérique

Deux mouvements convergents sont actuellement à l’œuvre : la volonté – au niveau européen notamment – de faire émerger une économie de la connaissance qui passe par un effort accru en matière d’innovation et la transition numérique qui affecte autant les modes de consommation que de production. Ces deux mouvements sont imbriqués : le secteur du numérique est particulièrement actif en matière d’innovations technologiques ou organisationnelles mais la transition numérique affecte également l’effort, la direction et l’organisation des stratégies d’innovation des acteurs publics et des entreprises, quel que soit leur domaine d’activité. Parmi les multiples champs de recherche qu’ouvrent ces mouvements, le programme structurant « Connaissance, innovation, numérique » s’intéresse plus particulièrement aux problématiques suivantes :

  • Intermédiation, numérique et innovations organisationnelles : analyse des différents types de financement participatif et de leurs conséquences sur le financement de l’innovation, émergences des Fablab, …
  • Numérique, économie créative, économie collaborative : renouveau des modèles économiques des acteurs de l’économie créative (industries de contenu, logiciels, …), impact de la transition numérique sur la structure et la nature de la production, de la consommation, de la réglementation/régulation, émergence des plateformes et marché bifaces, …
  • Propriété intellectuelle et communs : les outils traditionnels de management de la propriété intellectuelle et leurs alternatives, …

 

Evènements probants et recherches marquantes

Programme de recherche « enCommuns ». Ce programme de recherche de 3 ans, débuté fin 2016, associe l’Université Paris 13, l’Université Paris 1, l’Université Picardie-Jules Verne, l’Université Nice Sophia Antipolis et l’Agence Française de Développement. Son objectif est de proposer une réflexion sur les conditions qui peuvent permettre de manière soutenable l’affirmation de l’économie collaborative, entendue ici comme un ensemble de formes et types d’entreprises faisant, à un titre ou à un autre, une place significative à des modes d’accès et d’exploitation de ressources partagées, centrés sur des formes originales et innovantes de répartition des droits entre les parties prenantes, impliquant ainsi une distribution entre eux de la valeur créée, distincte de celle qui prévaut dans l’entreprise classique.

Labex ICCA. Le Laboratoire d’excellence « Industries Culturelles et Création Artistique » (LabEx ICCA) est un laboratoire de recherche interdisciplinaire centré sur les pratiques et les marchés de la culture, de l’art et du numérique. Créé en 2011, ICCA a pour principaux objectifs la définition de nouveaux modèles économiques et de régulation, l’étude des nouveaux usages et des marchés émergents et celle de la transformation des cadres juridiques, aussi bien dans les activités traditionnelles que dans l’univers numérique. ICCA rassemble des équipes de plusieurs universités appartenant à différentes disciplines (sociologie, économie, droit, design, communication, sciences de l’éducation) : CEISME (U. Paris 3), CEPN (U. Paris 13), CERLIS (U. Paris 3 et U. Paris 5), Ensadlab (ENSAD), EXPERICE (U. Paris 13), IRCAV (U. Paris 3), IRDA (U. Paris 13) et LabSIC (U. Paris 13).