Présentation de l’équipe DEFI – Développement, Économie et Finance Internationales

Responsable : Cédric Durand
Axe de rattachement : Axe 1 (MFI)

Ce programme étudie l’articulation entre les processus parallèles d’internationalisation croissante Fdes économies (intégration commerciale, finance et investissement) et de montée des inégalités internationales (internes et entre pays), dans un contexte de reconfiguration des grands pôles économiques mondiaux et d’instabilité systémique qui appelle une recherche sur de nouvelles formes de régulation économique, financière et monétaire. Ces travaux sont menés selon une triple approche d’économie du développement, de macro-économie internationale et d’économie financière. Ce programme apporte une contribution importante à la réflexion sur les perspectives du système monétaire international et de la zone euro, ainsi que de la régulation financière nationale et internationale suite à la crise mondiale. Compte tenu des thématiques étudiées, le champ géographique des travaux porte en priorité sur l’Europe (thématiques « Modélisation des régimes de croissance » et « Capitalisme financier ») et sur l’Asie (thématiques « Développement » et « Modélisation des régimes de croissance »), avec une extension à quelques PED d’autres continents.

Développement, internationalisation et inégalités
Les recherches menées sur cette thématique s’inscrivent dans une réflexion générale sur les stratégies de rattrapage, les modalités d’insertion internationale des PED et sur l’action des institutions internationales (OMC, Banque mondiale, etc.) dans ces domaines. Dans le contexte de la grande crise contemporaine, des travaux sont menés à l’intersection des problématiques de l’économie du développement, de la diversité du capitalisme et de l’internationalisation des firmes. Ils visent d’une part à la réalisation d’un travail théorique permettant de penser l’articulation des espaces et des temporalités de l’accumulation et, d’autre part, à développer une série d’études empiriques dans le prolongement des travaux précédents. L’impact de l’intégration internationale (commerce et investissements internationaux) sur les trajectoires économiques des pays en développement est étudié dans une perspective à la fois mondiale, régionale et comparative (Asie de l’Est ; MEDA ; Brésil et Amérique Latine). L’impact de ce processus sur la distribution des revenus au sein de plusieurs pays (à travers l’interaction emploi/revenus) est plus particulièrement analysé, dans le prolongement de Cling et al. (2009) sur le Vietnam et de Durand (2007, 2009 et 2012) concernant les comportements et l’impact des firmes de la grande distribution. La relation inverse est également étudiée en se posant la question suivante : quel est l’impact de la distribution des revenus dans un pays sur son modèle de croissance ?

 

Modélisation des régimes de croissance financiarisés au niveau national et international
Il s’agit de poursuivre les travaux sur les modèles SFC (stock-flux cohérents) d’inspiration post-keynésienne (Godley et Lavoie, 2006) qui permettent d’étudier l’impact de la financiarisation de l’économie sur la croissance, et sur les déséquilibres entre pays, notamment dans la zone euro. L’objectif est d’améliorer la prise en compte des comportements financiers des agents à travers l’utilisation de modèles nationaux et multinationaux (deux pays et plus) et d’approfondir la réflexion sur le fonctionnement des zones monétaires (zone Euro) et du système monétaire international.
Le mode de fonctionnement des régimes de croissance financiarisée est ainsi étudié au niveau national, d’abord en économie fermée, puis en économie ouverte, dans le prolongement de Clévenot, Guy et Mazier (2010) qui ont montré comment la recherche de la rentabilité financière a contribué au freinage de la croissance. Ces modèles sont particulièrement bien adaptés pour étudier les problèmes actuels de la zone euro (Duwicquet et Mazier, 2010, 2011). Ces modèles seront complétés en introduisant un budget fédéral, des euro-bonds et des transferts budgétaires intra-zone. Ces derniers sont seuls en mesure de compenser les effets des désajustements de change structurels existant entre le Nord et le Sud de l’Europe. Des modèles multinationaux de type SFC permettront d’étudier les conséquences de réformes du système monétaire international avec introduction de DTS (composés de dollars, d’euros et de yuans) et d’un FMI au rôle élargi pour gérer les déséquilibres internationaux ou, d’une manière plus ambitieuse, mise en œuvre du principe du Bancor sur la base des idées de Keynes. Enfin une estimation économétrique d’un modèle de l’économie mondiale à 5 zones et respectant la logique SFC sera proposée en s’appuyant sur la base de données du modèle CAM afin d’étudier sur données réelles les dynamiques internationales dans le cadre de différents régimes de change.

Capitalisme financier et régulation
Le régime de croissance à dominante financière qui s’est mis en place à partir des années 1980 dans les pays avancés, et en développement, s’est caractérisé par une forte instabilité, illustrée par la récurrence des crises dans les pays avancés (Plihon, 2002 ; Mouhoud & Plihon, 2009) et dans les pays émergents (Plihon & Ben Gamra, 2008 et 2010 ; Boyer, Dehove, Plihon, 2004). Le programme de recherche sur cette thématique a un premier objectif : approfondir la connaissance des mécanismes qui sous-tendent l’instabilité systémique de capitalisme financier en approfondissant les travaux déjà réalisés concernant , d’une part, l’analyse microéconomique des principaux acteurs financiers tels que les banques et les fonds d’investissement, (Aglietta et alii, 2010) et de leur impact sur le comportement des entreprises (Jeffers & Plihon, 2008), et d’autre part l’étude des déséquilibres macroéconomiques engendrés par ce régime de croissance en s’appuyant sur une grille d’analyse post-keynésienne (Plihon & Guttmann, 2008).
Le deuxième objectif est, à partir de l’analyse de la crise financière, de poursuivre la réflexion sur le nouveau paradigme de régulation du système bancaire et financier (Betbèze et alii, 2011 ; Rigot et Tadjeddine, 2011) et notamment sur le rôle des banques centrales (Carré, 2011). Les innovations en matière de régulation induites par la crise financière seront étudiées, en s’appuyant notamment sur un cadre d’analyse institutionnaliste et régulationniste : en partant de la loi Dodd-Frank votée aux Etats-Unis, du nouveau référentiel (Bâle 3), et des réformes menées dans l’Union Européenne, on analysera leur cohérence globale (Plihon, 2010), leurs effets sur le fonctionnement des systèmes financiers, et notamment sur deux aspects essentiels : les conséquences sur l’intermédiation financière et ses nouvelles formes (shadow banking system), et par ailleurs sur les arbitrages réglementaires et leur impact sur l’efficacité de la régulation par les autorités nationales et supranationales.

Objectifs principaux

  • Développer une recherche innovante et interdisciplinaire intégrée dans les réseaux nationaux et internationaux de chercheurs et d’experts (AFEP, IRD-DIAL, GEMDEV, Réseau Asie, FEMISE, réseaux constitués dans le cadre de contrats avec la Commission européenne, etc.)
  • Constituer le « noyau dur » (avec plusieurs collègues du groupe MASC) de l’équipe de formation du master « Economie & Finance Internationale » (qu’il est prévu de délocaliser au Vietnam) et d’encadrement des doctorants issus de cette formation
  • Dans la mesure où les thématiques étudiées s’inscrivent en prise directe avec les grands problèmes internationaux (crise mondiale et reconfiguration de l’économie et de la régulation mondiales), les recherches effectuées visent à contribuer aux grands débats de politique économique et de société, en particulier à travers la participation à de nombreux réseaux/associations.