Responsable : Dany Lang
Axe de rattachement : Axe 1 (MFI)
Le programme de travail MIAP s’inscrit dans la continuité du groupe de travail « analyses et modélisations post-Keynésienne », créé fin 2008, à la demande du CNRS, dans le cadre du renouvellement du CEPN comme UMR. Le groupe MIAP offre une perspective plus large, ouverte sur les questions internationales et les travaux régulationnistes. Les travaux des membres du programme MIAP devraient contribuer de différentes façons au développement de quatre thèmes de recherche :
-*1. une approche plutôt méthodologique portant sur l’approfondissement de l’analyse des effets de l’incertitude fondamentale et de la non-ergodicité des systèmes dynamiques ;
-*2. une prolongation des recherches minskiennes sur le rôle du système financier et bancaire dans une « économie monétaire de production », avec les incidences des évolutions du système monétaire international ;
-*3. un développement des approches kaleckiennes et macro institutionnelles de la crise, avec des analyses des politiques macroéconomiques (soutien à la croissance, gestion des dettes publiques…) et des problèmes de croissance-répartition ;
-*4. un questionnement des problèmes spécifiques aux régimes de croissance en économie ouverte de pays ayant des niveaux très inégaux de développement.
A titre d’illustration on précise ci après, pour ces quatre thèmes, quelques unes des questions en cours de développement.
Concernant le thème 1, le programme MIAP s’attachera à étudier les implications de l’incertitude fondamentale et de la non-ergodicité dans tous les champs de recherche appliquée relevant de ses compétences (analyse des dynamiques de longue période et des régimes de croissance, problèmes monétaires et financiers internationaux, analyse de la crise… La reconnaissance de l’incertitude est une spécificité de l’approche post-keynésienne qui renouvelle profondément l’analyse des décisions économiques et financières et, de là, la compréhension des mécanismes macroéconomiques.
Concernant le thème 2, des approches d’inspiration minskienne seront appliquées à la compréhension des développements récents de la financiarisation et des crises financières dans les économies développées. L’étude explicite du comportement des banques commerciales permet, au sein de la théorie de la monnaie endogène, d’intégrer la structure par terme des taux d’intérêt, de comprendre un possible rationnement du crédit (credit crunch) et la responsabilité éventuelle des banques dans le chômage ou l’instabilité financière. La spécificité des banques publiques fera l’objet d’une analyse approfondie, comparative entre plusieurs pays. Les travaux porteront sur leurs domaines d’intervention, leur pratique de crédit et critères d’attribution, leur sélectivité.
Concernant le thème 3, les membres du programme s’attèleront à intégrer la dépendance au sentier dans les modèles kaleckiens de croissance et répartition afin de mieux expliquer les dynamiques cumulatives engendrées par la déformation de la valeur ajoutée sur les taux de croissance et les taux d’utilisation. Ils intégreront également les problématiques de dualisme sur le marché du travail et de contrats de long-terme dans les modèles kaleckiens – tous les modèles kaleckiens supposaient jusqu’ici la parfaite flexibilité sur le marché du travail, et par conséquent l’absence de contrats de long-terme du type « contrats à durée indéterminée » et de dualisme sur le marché du travail. Le modèle kaleckien ainsi amendé permettra d’aborder la question de l’impact de la flexibilisation du marché du travail sur le taux d’utilisation, le taux de profit, et le taux de croissance de l’économie. Ce modèle avec contrats de long terme et marché du travail dual sera étendu à l’économie ouverte.
Concernant le thème 4, le programme MIAP mènera des recherches empiriques destinées à tester dans quel régime de croissance se trouvent les pays développés et émergents, d’Asie du Sud-est et d’Amérique latine (wage-led, profit-led, export-led, …). Il s’agira, entre autres, d’évaluer les régimes de croissance en Amérique Latine, afin d’établir la pertinence des stratégies macroéconomiques nouvelles choisies par les gouvernements brésilien, argentin, équatorien et uruguayen. Les évolutions dans ces pays des répartitions fonctionnelle et personnelle des revenus, tout comme les mutations des régimes monétaires, seront particulièrement étudiées. Ces travaux théoriques et empiriques tenteront d’éclairer le débat concernant la possibilité d’adopter une stratégie de type export-led de manière durable. Les recherches viseront également à proposer une modélisation post-keynésienne des phénomènes hyperinflationnistes – une problématique peu explorée jusqu’ici. Dans une perspective post-keynésienne, trois éléments sont nécessaires pour que l’hyperinflation se développe : un conflit de répartition virulent, des phénomènes d’indexation des prix et salaires, et un endettement en devise de l’économie auprès de créanciers internationaux. Les travaux de modélisation effectués dans ce cadre seront ensuite confrontés aux hyperinflations observées dans l’histoire, notamment en Amérique Latine lors des années 1980. Enfin, les investissements internationaux seront analysés selon leur double aspect de flux et de stocks. Ainsi, l’analyse des firmes multinationales (FMN) sera développée et resituée dans une perspective de macro-économie internationale dans le but de les y intégrer, en lien avec leur contribution à la balance des paiements, dans le cadre d’une théorie du commerce international reformulée. Les chercheurs du groupe mèneront des analyses empiriques des écarts de coûts observés entre pays, ainsi que des règles de formation des prix des transferts internationaux au sein des FMN.
Eléments de transversalité
Les travaux du programme MIAP alimenteront des recherches transversales communes à celles des programmes DEFI et EMOI. En particulier :
-*2. l’analyse macroéconomique des effets de la déformation de la valeur ajoutée doit être complétée par une analyse plus microéconomique de la composition des inégalités (en lien avec des membres du programme EMOI).
-*3. l’analyse kaleckienne doit être appliquée aux pays en développement et confrontée à d’autres approches du développement (en lien avec des membres du programme DEFI). Il en va de même de problématiques relatives à la finance, qui a joué un rôle prépondérant dans les crises systémiques récentes et occupe une place centrale dans les modèles minskiens.
Membres du programme à titre principal : Angel Asensio, Frédéric Boccara, Bruno Jetin, Dany Lang, Jonathan Marie, Pascal Petit.
Membres du programme à titre secondaire : Emmanuel Carré, Mickaël Clévenot, Cédric Durand, Dominique Plihon. Le programme MIAP compte également plusieurs chercheurs associés membres du CEPN (Sébastien Charles, Marc Lavoie, Mark Setterfield).
(Texte ancien site)