Les 3 axes de recherche du CEPN sont alimentés par 7 programmes de travail.
Programme 1 – PROPICE (Propriété intellectuelle, innovation, communs)
Responsable : Benjamin Coriat.
Axe de rattachement : Axe 2 (DIM).
Contexte et problématique
Les travaux conduits au sein de ce programme partent de l’hypothèse qu’au cours du temps des tensions fortes et multiples se sont manifestées entre d’une part la montée des droits de propriété intellectuelle (PI) marquée par un exclusivisme de plus en plus marqué, et d’autre part les besoins de communautés de plus en plus nombreuses d’innovateurs et de créateurs. Par certains aspects ces tensions atteignent des limites extrêmes avec les processus de financiarisation des actifs de Propriété Intellectuelle dont la montée en puissance est aujourd’hui spectaculaire. Ce mouvement vient ainsi relayer la longue phase de durcissement des droits de PI auxquels on a assisté au cours des 20 dernières et qui affecte tant le domaine des brevets que celui du droit d’auteur du copyright. Dans le domaine des relations internationales la même montée de l’exclusivisme, avec la signature en 2004 des ADPIC, est aussi à l’origine de tensions majeures, notamment dans le domaine de la santé publique (accès aux soins rendus plus difficile par l’imposition de brevets sur les molécules thérapeutiques) et dans celui de la conservation et de la valorisation des patrimoines biologiques et culturels.
Dans ce contexte des initiatives multiples et multiformes ont été prises par des acteurs émanant tant de la communauté scientifique que de la société civile aux fins d’élaborer des solutions alternatives à la propriété exclusive. C’est ainsi que s’est affirmée la formation de « communs », c’est à dire d’entités institutionnelles qui visent à établir des formes d’accès et de propriété partagées aux ressources scientifiques ou culturelles. Dans nombre de cas ces entités sont aussi à l’origine de « communauté d’innovateurs » dont les pratiques renouvellent fortement les processus traditionnels de R&D basés sur le secret. Ces nouvelles entités se présentent ainsi comme un ensemble de tentatives de la part des acteurs concernés pour construire des outils juridiques et organisationnels qui permettent d’échapper aux contraintes et aux limites que font peser sur leur activité la montée et le renforcement de divers types de droits de propriété intellectuelle.
Objectifs scientifiques
En croisant études historiques et empiriques menées sur des champs multiples (les TIC, le vivant et la pharmacie, les biens culturels), les objectifs du programme PROPICE, qui s’inscrivent dans le cadre plus global de la ligne de recherche initiée par E. Ostrom, peuvent être résumés comme suit :
-i) alimenter la réflexion et la compréhension concernant le jeu des tensions entre PI et innovation dans les deux expressions majeures du droit contemporain de la PI que sont le droit d’auteur d’un côté, le brevet d’invention de l’autre ; on analysera tout à la fois, la montée de l’exclusivisme en Propriété Intellectuelle et ses apories ; une attention particulière sera apportée ici aux processus de financiarisation des actifs de PI ; on examinera à la fois la question de la formation d’un marché des brevets (et de ses effets sur l’innovation) et la manière dont la PI affecte la nature et le fonctionnement de différents types de marché ;
-ii) repérer les tendances récentes dans les stratégies déployées par les acteurs et sur cette base proposer une ou plusieurs typologies des communs et mettre en évidence les types d’arrangements institutionnels sur lesquels ils sont assis ; on s’attachera à mettre en évidence, notamment à partir d’études empiriques, les modèles économiques à même de garantir la soutenabilité de divers types de communs ;
-iii) travailler sur les différences et similitudes entre « communs » et différentes acceptions et expressions du « domaine public » ; préciser les frontières et recoupements entre ces différents domaines ; examiner les relations à la fois intimes et complexes entre « communs », bien publics et domaine public ;
-iv) montrer comment et en quoi les nouveaux communs intellectuels se distinguent des formes classiques de propriété (et notamment de l’exclusivité associée à la propriété intellectuelle), tout en mobilisant certaines des ressources apportées par ces droits dans des dispositifs qui assurent une distribution des droits (« bundle of rights ») entre partie prenante ; analyser les conditions dans lesquelles droit d’accès partagé à des ressources mises en commun peut être à l’origine de processus de production originaux de production de l’innovation, ; le cas des logiciels « libres » servira ici de référence pour envisage la transposabilité du modèle à d’autre domaine (le vivant, la pharmacie, la création artistique) ;
-v) suggérer des pistes permettant d’établir un contexte institutionnel plus adéquat au bon déploiement des activités de création et d’innovation ; le cas des brevets sur les molécules thérapeutiques et de leurs effets dans les relations Nord/Sud, suite à l’adoption des ADPIC constituera ici un domaine d’exploration privilégié.
Le programme de travail du programme PROPICE est aujourd’hui intégré dans celui du GIS « IFRIS » et du LABEX SITE (Sciences et Technologies en Société) dont il constitue une des orientations de recherche majeure. Les travaux du programme PROPICE se feront donc en coopération avec les travaux connexes conduits dans le Labex SITE.
Par ailleurs ce programme est aussi constitutif du DIM IS2-IT qui est un des lauréats du dernier appel d’offre du Conseil Régional d’Ile-de-France.
Membres du programme à titre principal : Benjamin Coriat, Béatrice Dumont, Samira Guennif, Pierre-André Mangolte, Luis Miotti, Céline Viala
Membres du programme à titre secondaire : Catherine Carpentier, Cécile Cezanne, Fabienne Orsi (associée), Isabelle Liotard, François Moreau, Pascal Petit, Michel Roux, Olivier Weinstein.
Programme 2 – EMOI (Evolution des marchés, organisations et inégalités)
Responsables : Ariane Ghirardello et Hélène Tordjman.
Axes de rattachement : Axe 1 (MFI) et Axe 2 (DIM).
Problématique
Le projet du programme EMOI est fondé sur le constat de convergences entre chercheurs du CEPN sur l’intérêt de développer une analyse des marchés et des organisations ainsi que leurs impacts sur les inégalités. En effet, la compréhension des mutations du capitalisme contemporain nécessite une analyse fine de l’évolution de ses formes réglementaires et institutionnelles. Cela est particulièrement clair en ce qui concerne l’un des faits majeurs de ces dernières décennies : l’extension de la sphère marchande qui englobe des domaines et d’activités qui leur étaient auparavant étrangers. Des services traditionnellement publics comme l’éducation tendent aujourd’hui à être gérés selon le seul critère de l’efficacité économique et des pans entiers de la connaissance et de la nature entrent dans l’orbite du marché, via la multiplication des droits de propriété intellectuelle et la mise en place de cadres juridiques internationaux normalisant ces objets en incitant la valorisation marchande. Ainsi, la règle et la loi participent directement à l’émergence de ces nouveaux arrangements et témoignent du caractère construit de l’institution marchande. L’étude des processus et des acteurs à l’origine de ces changements institutionnels nous retiendra tout particulièrement.
En effet, ce contexte de plus en plus compétitif modifie les stratégies des acteurs économiques et tout d’abord des firmes. Les plus puissantes d’entre elles orientent à leur profit l’élaboration des lois, normes, standards et autres codes de bonne conduite (e.g. la Responsabilité sociale de l’entreprise), et ce d’autant plus que ces règles et lois sont produites par des réseaux d’acteurs (institutions internationales, ONG, syndicats professionnels) dont elles sont parties prenantes. Les autres s’adaptent comme elles le peuvent à travers des restructurations organisationnelles majeures. La désintégration verticale dont résulte notamment le développement accru de la sous-traitance est une première illustration de ces évolutions. L’importance croissante accordée aux fournisseurs d’actifs humains décisifs, les employés en premier lieu, est également emblématique de ces réorganisations.
Ainsi, la domination de l’institution marchande, en produisant une évolution des modes de régulation, engendre dans le même mouvement un accroissement des inégalités. Celles-ci sont particulièrement criantes sur le marché du travail où les salariés sont confrontés à la fois à une augmentation du chômage, une dualisation de la main d’œuvre, au développement des emplois pénibles, aux discriminations à l’embauche et salariales. Ceci conduit à développer, à côté des analyses positives des évolutions des marchés et des organisations, des questionnements plus normatifs portant sur les effets sociaux induits. Dans la mesure où il produit des évaluations, le mécanisme marchand sélectionne et exclut. Comment analyser alors la production de ces inégalités ? Quels types d’arrangements institutionnels pourraient permettre de limiter les conséquences destructrices de la marchandisation ?
Ces différentes questions seront abordées au travers de travaux relatifs aux problématiques suivantes : -*La théorie des marchés et les dispositifs contemporains de valorisation du capital, en particulier dans des domaines immatériels comme la connaissance, le vivant, l’éducation, qui sont de plus en plus fréquemment envisagés sous l’angle de la gestion optimale d’un capital somme toute comme un autre. -*Le rôle de la structuration juridique et institutionnelle des marchés, tant dans l’évolution des marchés existants (en particulier les marchés de facteurs, capital et travail) que dans la création de nouveaux marchés ; la confrontation des théories économiques et juridiques des droits de propriété et la façon dont ces théories donnent forme à des arrangements institutionnels spécifiques (avec une attention particulière aux régimes de la propriété intellectuelle). -*Les politiques de la concurrence et les comportements collusifs des firmes notamment dans des industries dont l’activité est construite sur le capital humain spécifique et la forte propension à innover des firmes. Une attention particulière pourra être portée sur les pôles de compétitivité et la façon dont les différents acteurs concernés attirent et fidélisent les talents. Les évolutions des structures de gouvernance, des normes comptables, sociales et environnementales, et les mécanismes de leur production. -*L’analyse des inégalités et des discriminations. Sur le plan positif, il s’agira d’analyser la production d’inégalités sur un certain nombre de marchés (travail, éducation) mais également de comprendre les inégalités qui découlent des comportements de consommation des acteurs présents sur les marchés. Sur le plan normatif, il s’agira d’analyser comment la logique marchande engendre un accroissement des inégalités, des exclusions et des discriminations. -*Sur le plan méthodologique, une pluralité de méthodes sera utilisée et discutée allant des entretiens (ethnographiques, sociologiques) aux traitements économétriques. Ces derniers porteront sur des bases de données existantes mais également sur des bases originales. En particulier, des données portant sur les décisions des tribunaux (sur des thématiques comme la contrefaçon ou les litiges sur les brevets) seront analysées afin d’étudier notamment les rapports entre soft law (régulation par les normes sociales, les engagements volontaires ou la réputation) et règles juridiques stricto sensu (de droit interne ou de droit international). Eléments de transversalité -*Au sein de l’axe 2 « DIM » (Dynamique des Institutions et des Marchés), la question de la marchandisation d’objets immatériels trouvera un prolongement naturel avec les recherches menées par les autres programmes de travail de l’axe, notamment les analyses des droits de propriété intellectuelle (programme PROPICE), ainsi que des biens culturels et numériques (programme EGCN). Par ailleurs, le développement d’un marché de la santé fait naître des inégalités importantes, qui se cumulent à celles analysées dans la sphère du travail ou de l’éducation. Différentes interactions au sein de l’axe 2 (DIM) sont donc possibles et seront explorées. -*La marchandisation de l’immatériel entretient des rapports étroits avec la financiarisation. C’est en effet souvent que ces objets entrent dans la sphère marchande sous forme d’actifs plutôt que de biens tangibles, par définition. L’instabilité propre à la finance se retrouve-t-elle dans ces nouveaux marchés, de brevets ou de services écosystémiques par exemple ? Et si oui, est-elle de même nature ? Des discussions sur ces points avec le programme DEFI seront certainement stimulantes. -*Enfin, la crise financière et économique mène à des recompositions profondes au niveau macroéconomique international, sans que les disparités entre pays ne se comblent, bien au contraire. Les thématiques de l’inégalité, pensées ici dans un cadre national, sont abordées d’un point de vue macroéconomique par d’autres chercheurs du CEPN, et là encore, la confrontation de points de vue différents sur une même question de fond s’avèrera sans aucun doute fructueuse.
Membres du programme à titre principal : Tristan Auvray, Catherine Carpentier, Cécile Cezanne, Jean-Jacques Croutsche, David Flacher, Camal Gallouj, Ariane Ghirardello, Erick Leroux, Robert Noumen, Marianne Rubinstein, Isabelle This Saint Jean, Hélène Tordjman, Olivier Weinstein, Hélène Zajdela.
Membres du programme à titre secondaire : Philippe Abecassis, Philippe Barbet, Françoise Benhamou, Benjamin Coriat, Nathalie Coutinet, Samira Guennif, Olivia Guillon, Pierre-André Mangolte, Georges Ménahem, Sandra Rigot, Julien Vauday, Céline Viala.
Programme 3 – STRAS (Stratégies dans le domaine de la santé)
Responsables : Nathalie Coutinet et Ali Smida.
Axe de rattachement : Axe 2 (DIM) et Axe 3 (RIS).
Position du problème
Les mécanismes des systèmes de santé, français ou européens, qui ont prévalu pendant les dernières décennies ont été profondément perturbés par les crises économiques, les changements démographiques et les innovations technologiques de ces vingt dernières années. Les systèmes ont subi des mutations profondes qui portent tant sur leurs structures et leurs dynamiques que sur les attitudes et comportements des différents acteurs.
Ces mutations ont conduit à l’émergence de nouvelles thématiques d’études des systèmes de santé et de protection sociale qui sont ainsi devenus un domaine de recherche substantiel des sciences économiques et de gestion. Du point de vue des économistes, la santé peut être considérée sous des angles multiples : l’approche macroéconomique analyse, au niveau national ou en comparaison internationale, la question du financement des dépenses de santé et de protection sociale, l’organisation de l’offre de soins (désert médicaux, numérus clausus des médecins, par exemple), la politique du médicament (prix des médicaments, autorisations de mise sur le marché, panier de soins et taux de remboursement), la consommation de soins, les inégalités des soins de santé. L’approche microéconomique de la santé étudie le comportement des différents acteurs (médecins, pharmaciens, ou autres personnels soignants, patients, gestionnaires, institutions de santé, assureurs publics et privés, établissements sans but lucratif, établissements privés, firmes pharmaceutiques). L’analyse économique en santé élargit ses problématiques de travail à d’autres domaines de recherche en économie comme l’organisation industrielle ou financière appliquée au secteur hospitalier ou au secteur pharmaceutique ou encore l’interrelation entre santé des agents, emploi et travail.
Du point de vue des gestionnaires du programme, les angles d’approches sont centrés sur le vieillissement de la population et de ses conséquences sur les professionnels et les organisations du secteur de la santé. Deux axes sont particulièrement mis à l’étude : d’une part le management de la trajectoire des personnes âgées (du début de la dépendance à leur entrée en institutions) et d’autre part le rapprochement des organisations entre elles (fusions, mutualisation…). Ces approches sont complétées par des études de prospectives pour aider le processus de décision des dirigeants d’organisations privées ou publiques.
Ces dernières approches trouvent une véritable complémentarité avec celles des économistes et rencontrent une demande sociale de plus en plus forte, à mesure que le vieillissement de la population rend le problème de la dépendance plus aigu.
Dans ce contexte, notre programme se propose de réunir les économistes et les gestionnaires du laboratoire autour de problématiques communes de santé. L’objectif est d’enrichir ces problématiques en confrontant les représentations spécifiques, les approches théoriques et les méthodes de recherche propres à chacune de nos disciplines.
Introduction
Trois grandes thématiques de travail seront explorées :
-*1. Les fondements théoriques et les conséquences des réformes des systèmes de protection sociale. -Le new public management et la construction de nouveaux « marchés de la santé » -Le désengagement des systèmes nationaux d’assurance en santé et la marchandisation de la santé en Europe. -L’éthique professionnelle des médecins face aux mécanismes incitatifs introduits par les réformes en santé ; l’exemple des dépassements d’honoraires. -L’augmentation de la taille du marché des assureurs privés et la concentration par l’intermédiaire d’opérations de fusions et acquisitions nationales et transnationales. -L’approche prospective au service des décideurs publics et privés du secteur de la santé.
-*2. Les nouvelles stratégies des acteurs -Les stratégies mises en œuvre par les organisations en santé (dont les EHPAD) confrontés à une demande en forte augmentation en raison du vieillissement de la population. -La maîtrise et le management de la trajectoire des patients en situation de dépendance dans le secteur de la santé (ceci inclut aussi bien une vision de la trajectoire [coordination] qu’une approche centrée autour du bien-être de la personne âgée [notamment de l’intégration des animaux de compagnie]). -Les nouvelles formes de management adoptées, en France, par les hôpitaux à la suite des réformes hospitalières (Droits des malades et qualité des systèmes de santé 2002, T2A 2003, HPST de 2009). -Les transformations des formes organisationnelles retenues par les grands groupes pharmaceutiques ainsi que les organisations en santé et réalisées par l’intermédiaire d’opérations de fusions, acquisitions et d’alliances. -Les nouveaux choix stratégiques d’offre de produits sur les différents sous-marchés (OTC, princeps, génériques, biomédicaments et biosimilaires) issus des innovations technologiques et des modifications réglementaires (accords TRIPPS à l’OMC). -Les relations entre les stratégies des offreurs de services de santé (organismes sans but lucratif, établissements publics et privés) et leurs formes organisationnelles.
-*3. L’accès aux soins et aux médicaments dans les pays du Sud -Les stratégies des producteurs de médicaments dans les pays du Sud confrontés au renforcement de la réglementation sur les brevets (accords TRIPS à l’OMC). -Le rôle des ONG dans l’organisation de l’offre de soins. -La mise en œuvre de techniques de management par les ONG. Membres du programme à titre principal : Philippe Abecassis, Mamadou Camara, Nathalie Coutinet, Erwan Queinnec, Bertrand Pauget, Ali Smida, Jan Stepniewski.
Membres du programme à titre secondaire : Samira Guennif, Luc Marco, Robert Noumen.
Programme 4 – EGCN (Économie et gestion de la culture et du numérique
Responsables : François Moreau et Isabelle Liotard.
Axe de rattachement : Axe 2 (DIM) et Axe 3 (RIS)
Le CEPN a depuis longtemps rassemblé un certain nombre de chercheurs travaillant sur des secteurs bien précis que sont les industries culturelles (qui regroupent l’édition, la musique, le cinéma ainsi que les médias) et l’économie numérique (télécommunications, Internet, logiciels). Ces deux domaines d’activité sont particulièrement stimulants à analyser car leur configuration dans les dernières décennies a fortement évolué en raison notamment des bouleversements liés à l’avènement de l’Internet. Différents outils sont mobilisés pour analyser les transformations technologiques, juridiques, économiques, managériaux et stratégiques des acteurs et des marchés ainsi que leurs implications en termes de régulation. Les chercheurs du CEPN portent leur attention à la fois sur les infrastructures technologiques de l’économie numérique, sur les contenus – notamment culturels – que les réseaux véhiculent, et sur les liens entre gestion des réseaux et valorisation des contenus. Ces travaux s’inscrivent principalement dans les axes « Dynamiques des institutions et des marchés » (DIM) et « Réseaux et interactions stratégiques » (RIS) du CEPN ; de plus, de par leurs objets et méthodes, ils peuvent donner lieu à de nombreuses collaborations avec les autres programmes de travail du CEPN, notamment PROPICE et EMOI.
Les chercheurs du programme portent leur attention sur la culture et les réseaux numériques (en particulier Internet) sous trois angles.
-*1) Les enjeux portant sur la propriété intellectuelle constituent un axe fort du programme. Les questions concernant l’évolution du droit avec le développement de nouveaux objets numériques sont posées. Tout spécialement, les noms de domaines sur Internet ou le développement de plateformes d’innovation appellent des questions sur le rôle de la PI et son évolution. -(i) L’évolution de nouveaux marchés issus des noms de domaines (marchés de la revente) est étudiée. L’analyse économique du réseau internet est relativement peu développée ou l’est de manière très inégale au regard des enjeux. Seule la question du nommage (noms de domaine) a fait l’objet d’approches économiques approfondies en raison de la proximité des noms de domaine et des marques. Par ailleurs, comme il existe un marché primaire et un marché de revente très actif des noms de domaine, les outils de l’analyse économique des marchés peuvent être appliqués à la compréhension des dynamiques marchandes en cours dans cette activité. L’adressage, c’est-à-dire la disponibilité d’adresses uniques permettant aux objets communiquant (de plus en plus nombreux) d’être reliés au réseau internet, est quant à lui beaucoup moins étudié par les économistes. Il s’agit pourtant d’une ressource rare, historiquement distribuée selon des critères non économiques, et actuellement en voie d’extinction. Il existe paradoxalement très peu d’analyses économiques consacrées à l’adressage alors que la gestion des ressources rares non reproductibles est très présente dans la théorie économique. Cette question sera l’un des axes de recherche du programme. Enfin, le routage des informations sur le réseau internet permet aux informations de circuler entre des réseaux indépendants. L’analyse économique du routage doit tenir compte des relations marchandes qui existent entre des réseaux hétérogènes. Un certain nombre de travaux économiques ont été réalisés sur les relations marchandes existant entre les réseaux indépendants constituant l’internet mais l’économie du routage reste peu étudiée. Ces recherches se situent au confluent de l’économie des réseaux et de l’économie industrielle, elles s’inscriront dans des relations avec d’autres programmes de recherche du CEPN. -(ii) D’autres travaux s’interrogent sur les nouvelles plateformes d’innovation du Web (le Web 2.0) à l’aide d’études de cas. Il s’agit dans cette thématique de comprendre comment Internet institue de nouveaux intermédiaires pour permettre aux acteurs économiques de stimuler leur innovation et répondre à des problématiques précises. L’intérêt de cette thématique est également de revenir sur la notion récente de « crowdsouricng » au travers de laquelle les internautes sont à la source de création de « ressources » (idées, innovation) qui « remontent » ensuite aux entreprises. Dans ce contexte, il s’agit aussi de comprendre comment les arrangements contractuels sont à l’œuvre pour soutenir ces processus.
-*2) Une partie des chercheurs du programme mènent leurs recherches sur les industries culturelles et créatives (édition, médias, musique, …). Plusieurs thématiques sont analysées : -(i) La fréquentation des équipements culturels et les enjeux liés à la fidélisation des publics ; -(ii) L’économie du patrimoine dans sa dimension matérielle et immatérielle -(iii) L’influence du numérique sur les industries culturelles. L’attention se porte plus particulièrement sur les transformations amenées par le numérique dans les modes de production, d’échange et de consommation des biens informationnels et culturels. Sont notamment étudiés : l’impact des modèles d’affaires (vente au titre, streaming avec abonnement ou financement publicitaire) et des outils de recommandations en ligne sur la structure de la consommation, et notamment sur la réalité des effets dits de longue traîne ; les stratégies de valorisation des contenus dans un monde numérique ; les problèmes de régulation. Des travaux sont notamment en cours sur le marché du livre numérique et celui de la musique. Au sein du programme « Economie et gestion de la culture et du numérique », ces chercheurs animeront le groupe de liaison « ICCA-CEPN ». Le CEPN est en effet co-porteur du Labex ICCA (Industries Culturelles et Création Artistique) dont les travaux s’inscrivent pleinement dans le projet scientifique du programme « Economie et gestion de la culture et du numérique ». Ils sont menés en collaboration avec le LabSIC (Université Paris 13, co-porteur du Labex ICCA) spécialisé dans les industries culturelles, notamment l’édition.
-*3) Une partie du programme développe une approche à l’interface de l’histoire de la pensée économique et de l’économie de l’édition. Ces travaux regroupent : -(i) L’évolution de l’édition spécialisée en économie et gestion depuis la Révolution française. Sont étudiés les stocks d’ouvrages publiés par les libraires-éditeurs Antoine Bailleul, Pierre-Hubert Renard et Gilbert-Urbain Guillaumin. Cette thématique part des travaux fondateurs de Lucette Le Van Lemesle (2004) et complète l’historiographie en mettant l’accent sur deux points : a) la rentabilité de ces maisons d’édition à long terme ; b) les choix idéologiques de la politique éditoriale retenue (optique libérale ou non). L’interface avec les revues de gestion et d’économie politique sera effectuée dans le droit-fil des travaux dirigés par Patrice Bret, Constantin Chatzis et Liliane Pérez (2008). -(ii) La numérisation scientifique des ouvrages classiques de gestion et d’économie pratique. La ressource Gallica est encore embryonnaire à ce niveau et très en retard sur les sites d’Harvard ou de la London School of Economics. Ont été numérisés en partie la somme de Chambonnaud (1918-1931) et le livre fondateur de Courcelle-Seneuil (1854). La partie « marketing » est un enjeu très important car les ventes en librairie des ouvrages pédagogiques sont en chute libre depuis quelques années. Une étude sémantique du contenu de ces ouvrages classiques sera aussi entreprise. Ces travaux représentent une valeur ajoutée spécifique du programme « Economie et Gestion de la Culture et du Numérique ». En effet, ils déboucheront sur la numérisation et la mise en ligne de livres et de revues rares (pour certains, non disponibles à la BNF) qui constitueront une base d’archives consultables pour les enseignants et chercheurs en économie et gestion.
-*4) L’analyse des conditions de régulation du secteur des télécommunications sera envisagée. Cette question est essentielle dans la mesure où elle touche directement au déploiement des nouveaux réseaux sur lesquels de nouveaux services pourront être mis en place et où elle influence les conditions d’exploitations des services en ligne. Nous étudierons notamment : la régulation du déploiement des réseaux en fibre optique, en tenant compte du rôle des collectivités locales et des impacts des décisions réglementaires sur l’aménagement du territoire ; l’impact de la régulation sur la nature des investissements réalisés, non seulement par les opérateurs mais également, en amont par les équipementiers et, en aval, par les fournisseurs de services ; l’articulation entre politiques et régulations concurrentielles, d’une part, et politiques industrielles et commerciales, de l’autre, en nous appuyant sur des travaux théoriques et des comparaisons internationales ; la régulation de la neutralité d’Internet sera également envisagée, comme élément majeur du développement des réseaux et de la répartition des revenus ; enfin, nous nous proposons d’envisager un sujet jamais abordé jusque là dans le secteur : celui de la régulation de la complexité tarifaire.
Membres du programme à titre principal : Philippe Barbet, Françoise Benhamou, Olivia Guillon, Isabelle Liotard, Luc Marco, François Moreau, Jean-Pierre Mathieu.
Membres du programme à titre secondaire : David Flacher, Virginie Silhouette-Dercourt.
Programme 5 – DEFI (Développement, économie et finance internationales)
Responsable : Cédric Durand. Axe de rattachement : Axe 1 (MFI). Ce programme étudie l’articulation entre les processus parallèles d’internationalisation croissante des économies (intégration commerciale, finance et investissement) et de montée des inégalités internationales (internes et entre pays), dans un contexte de reconfiguration des grands pôles économiques mondiaux et d’instabilité systémique qui appelle une recherche sur de nouvelles formes de régulation économique, financière et monétaire. Ces travaux sont menés selon une triple approche d’économie du développement, de macro-économie internationale et d’économie financière. Ce programme apporte une contribution importante à la réflexion sur les perspectives du système monétaire international et de la zone euro, ainsi que de la régulation financière nationale et internationale suite à la crise mondiale. Compte tenu des thématiques étudiées, le champ géographique des travaux porte en priorité sur l’Europe (thématiques « Modélisation des régimes de croissance » et « Capitalisme financier ») et sur l’Asie (thématiques « Développement » et « Modélisation des régimes de croissance »), avec une extension à quelques PED d’autres continents.
Développement, internationalisation et inégalités
Les recherches menées sur cette thématique s’inscrivent dans une réflexion générale sur les stratégies de rattrapage, les modalités d’insertion internationale des PED et sur l’action des institutions internationales (OMC, Banque mondiale, etc.) dans ces domaines. Dans le contexte de la grande crise contemporaine, des travaux sont menés à l’intersection des problématiques de l’économie du développement, de la diversité du capitalisme et de l’internationalisation des firmes. Ils visent d’une part à la réalisation d’un travail théorique permettant de penser l’articulation des espaces et des temporalités de l’accumulation et, d’autre part, à développer une série d’études empiriques dans le prolongement des travaux précédents. L’impact de l’intégration internationale (commerce et investissements internationaux) sur les trajectoires économiques des pays en développement est étudié dans une perspective à la fois mondiale, régionale et comparative (Asie de l’Est ; MEDA ; Brésil et Amérique Latine). L’impact de ce processus sur la distribution des revenus au sein de plusieurs pays (à travers l’interaction emploi/revenus) est plus particulièrement analysé, dans le prolongement de Cling et al. (2009) sur le Vietnam et de Durand (2007, 2009 et 2012) concernant les comportements et l’impact des firmes de la grande distribution. La relation inverse est également étudiée en se posant la question suivante : quel est l’impact de la distribution des revenus dans un pays sur son modèle de croissance ?
Modélisation des régimes de croissance financiarisés au niveau national et international
Il s’agit de poursuivre les travaux sur les modèles SFC (stock-flux cohérents) d’inspiration post-keynésienne (Godley et Lavoie, 2006) qui permettent d’étudier l’impact de la financiarisation de l’économie sur la croissance, et sur les déséquilibres entre pays, notamment dans la zone euro. L’objectif est d’améliorer la prise en compte des comportements financiers des agents à travers l’utilisation de modèles nationaux et multinationaux (deux pays et plus) et d’approfondir la réflexion sur le fonctionnement des zones monétaires (zone Euro) et du système monétaire international.
Le mode de fonctionnement des régimes de croissance financiarisée est ainsi étudié au niveau national, d’abord en économie fermée, puis en économie ouverte, dans le prolongement de Clévenot, Guy et Mazier (2010) qui ont montré comment la recherche de la rentabilité financière a contribué au freinage de la croissance. Ces modèles sont particulièrement bien adaptés pour étudier les problèmes actuels de la zone euro (Duwicquet et Mazier, 2010, 2011). Ces modèles seront complétés en introduisant un budget fédéral, des euro-bonds et des transferts budgétaires intra-zone. Ces derniers sont seuls en mesure de compenser les effets des désajustements de change structurels existant entre le Nord et le Sud de l’Europe. Des modèles multinationaux de type SFC permettront d’étudier les conséquences de réformes du système monétaire international avec introduction de DTS (composés de dollars, d’euros et de yuans) et d’un FMI au rôle élargi pour gérer les déséquilibres internationaux ou, d’une manière plus ambitieuse, mise en œuvre du principe du Bancor sur la base des idées de Keynes. Enfin une estimation économétrique d’un modèle de l’économie mondiale à 5 zones et respectant la logique SFC sera proposée en s’appuyant sur la base de données du modèle CAM afin d’étudier sur données réelles les dynamiques internationales dans le cadre de différents régimes de change.
Capitalisme financier et régulation
Le régime de croissance à dominante financière qui s’est mis en place à partir des années 1980 dans les pays avancés, et en développement, s’est caractérisé par une forte instabilité, illustrée par la récurrence des crises dans les pays avancés (Plihon, 2002 ; Mouhoud & Plihon, 2009) et dans les pays émergents (Plihon & Ben Gamra, 2008 et 2010 ; Boyer, Dehove, Plihon, 2004). Le programme de recherche sur cette thématique a un premier objectif : approfondir la connaissance des mécanismes qui sous-tendent l’instabilité systémique de capitalisme financier en approfondissant les travaux déjà réalisés concernant , d’une part, l’analyse microéconomique des principaux acteurs financiers tels que les banques et les fonds d’investissement, (Aglietta et alii, 2010) et de leur impact sur le comportement des entreprises (Jeffers & Plihon, 2008), et d’autre part l’étude des déséquilibres macroéconomiques engendrés par ce régime de croissance en s’appuyant sur une grille d’analyse post-keynésienne (Plihon & Guttmann, 2008).
Le deuxième objectif est, à partir de l’analyse de la crise financière, de poursuivre la réflexion sur le nouveau paradigme de régulation du système bancaire et financier (Betbèze et alii, 2011 ; Rigot et Tadjeddine, 2011) et notamment sur le rôle des banques centrales (Carré, 2011). Les innovations en matière de régulation induites par la crise financière seront étudiées, en s’appuyant notamment sur un cadre d’analyse institutionnaliste et régulationniste : en partant de la loi Dodd-Frank votée aux Etats-Unis, du nouveau référentiel (Bâle 3), et des réformes menées dans l’Union Européenne, on analysera leur cohérence globale (Plihon, 2010), leurs effets sur le fonctionnement des systèmes financiers, et notamment sur deux aspects essentiels : les conséquences sur l’intermédiation financière et ses nouvelles formes (shadow banking system), et par ailleurs sur les arbitrages réglementaires et leur impact sur l’efficacité de la régulation par les autorités nationales et supranationales.
Objectifs principaux : -*développer une recherche innovante et interdisciplinaire intégrée dans les réseaux nationaux et internationaux de chercheurs et d’experts (AFEP, IRD-DIAL, GEMDEV, Réseau Asie, FEMISE, Réseaux constitués dans le cadre de contrats avec la Commission européenne, etc.) ; -*constituer le « noyau dur » (avec plusieurs collègues du groupe MASC) de l’équipe de formation du master « Economie & Finance Internationale » (qu’il est prévu de délocaliser au Vietnam) et d’encadrement des doctorants issus de cette formation ; -*dans la mesure où les thématiques étudiées s’inscrivent en prise directe avec les grands problèmes internationaux (crise mondiale et reconfiguration de l’économie et de la régulation mondiales), les recherches effectuées visent à contribuer aux grands débats de politique économique et de société, en particulier à travers la participation à de nombreux réseaux/associations.
Membres du programme à titre principal : Emmanuel Carré, Mickaël Clévenot, Jean-Pierre Cling, Marie-Françoise Delaite, Cédric Durand, Donatella Gatti, Robert Guttmann, Marc Lautier, Jacques Mazier, Georges Ménahem, Pascal Petit (émérite), Dominique Plihon, Sandra Rigot, Michel Roux, Pierre Salama.
Membres du programme à titre secondaire : Angel Asensio, Tristan Auvray, Mamadou Camara, Luis Miotti, Nathalie Rey, Marianne Rubinstein, Hélène Tordjman.
Programme 6 – MIAP (Macroéconomique internationale et analyse post-keynésienne)
Responsable : Dany Lang.
Axe de rattachement : Axe 1 (MFI). Le programme de travail MIAP s’inscrit dans la continuité du groupe de travail « analyses et modélisations post-Keynésienne », créé fin 2008, à la demande du CNRS, dans le cadre du renouvellement du CEPN comme UMR. Le groupe MIAP offre une perspective plus large, ouverte sur les questions internationales et les travaux régulationnistes. Les travaux des membres du programme MIAP devraient contribuer de différentes façons au développement de quatre thèmes de recherche :
-*1. une approche plutôt méthodologique portant sur l’approfondissement de l’analyse des effets de l’incertitude fondamentale et de la non-ergodicité des systèmes dynamiques ;
-*2. une prolongation des recherches minskiennes sur le rôle du système financier et bancaire dans une « économie monétaire de production », avec les incidences des évolutions du système monétaire international ;
-*3. un développement des approches kaleckiennes et macro institutionnelles de la crise, avec des analyses des politiques macroéconomiques (soutien à la croissance, gestion des dettes publiques…) et des problèmes de croissance-répartition ;
-*4. un questionnement des problèmes spécifiques aux régimes de croissance en économie ouverte de pays ayant des niveaux très inégaux de développement.
A titre d’illustration on précise ci après, pour ces quatre thèmes, quelques unes des questions en cours de développement.
Concernant le thème 1, le programme MIAP s’attachera à étudier les implications de l’incertitude fondamentale et de la non-ergodicité dans tous les champs de recherche appliquée relevant de ses compétences (analyse des dynamiques de longue période et des régimes de croissance, problèmes monétaires et financiers internationaux, analyse de la crise… La reconnaissance de l’incertitude est une spécificité de l’approche post-keynésienne qui renouvelle profondément l’analyse des décisions économiques et financières et, de là, la compréhension des mécanismes macroéconomiques.
Concernant le thème 2, des approches d’inspiration minskienne seront appliquées à la compréhension des développements récents de la financiarisation et des crises financières dans les économies développées. L’étude explicite du comportement des banques commerciales permet, au sein de la théorie de la monnaie endogène, d’intégrer la structure par terme des taux d’intérêt, de comprendre un possible rationnement du crédit (credit crunch) et la responsabilité éventuelle des banques dans le chômage ou l’instabilité financière. La spécificité des banques publiques fera l’objet d’une analyse approfondie, comparative entre plusieurs pays. Les travaux porteront sur leurs domaines d’intervention, leur pratique de crédit et critères d’attribution, leur sélectivité.
Concernant le thème 3, les membres du programme s’attèleront à intégrer la dépendance au sentier dans les modèles kaleckiens de croissance et répartition afin de mieux expliquer les dynamiques cumulatives engendrées par la déformation de la valeur ajoutée sur les taux de croissance et les taux d’utilisation. Ils intégreront également les problématiques de dualisme sur le marché du travail et de contrats de long-terme dans les modèles kaleckiens – tous les modèles kaleckiens supposaient jusqu’ici la parfaite flexibilité sur le marché du travail, et par conséquent l’absence de contrats de long-terme du type « contrats à durée indéterminée » et de dualisme sur le marché du travail. Le modèle kaleckien ainsi amendé permettra d’aborder la question de l’impact de la flexibilisation du marché du travail sur le taux d’utilisation, le taux de profit, et le taux de croissance de l’économie. Ce modèle avec contrats de long terme et marché du travail dual sera étendu à l’économie ouverte.
Concernant le thème 4, le programme MIAP mènera des recherches empiriques destinées à tester dans quel régime de croissance se trouvent les pays développés et émergents, d’Asie du Sud-est et d’Amérique latine (wage-led, profit-led, export-led, …). Il s’agira, entre autres, d’évaluer les régimes de croissance en Amérique Latine, afin d’établir la pertinence des stratégies macroéconomiques nouvelles choisies par les gouvernements brésilien, argentin, équatorien et uruguayen. Les évolutions dans ces pays des répartitions fonctionnelle et personnelle des revenus, tout comme les mutations des régimes monétaires, seront particulièrement étudiées. Ces travaux théoriques et empiriques tenteront d’éclairer le débat concernant la possibilité d’adopter une stratégie de type export-led de manière durable. Les recherches viseront également à proposer une modélisation post-keynésienne des phénomènes hyperinflationnistes – une problématique peu explorée jusqu’ici. Dans une perspective post-keynésienne, trois éléments sont nécessaires pour que l’hyperinflation se développe : un conflit de répartition virulent, des phénomènes d’indexation des prix et salaires, et un endettement en devise de l’économie auprès de créanciers internationaux. Les travaux de modélisation effectués dans ce cadre seront ensuite confrontés aux hyperinflations observées dans l’histoire, notamment en Amérique Latine lors des années 1980. Enfin, les investissements internationaux seront analysés selon leur double aspect de flux et de stocks. Ainsi, l’analyse des firmes multinationales (FMN) sera développée et resituée dans une perspective de macro-économie internationale dans le but de les y intégrer, en lien avec leur contribution à la balance des paiements, dans le cadre d’une théorie du commerce international reformulée. Les chercheurs du groupe mèneront des analyses empiriques des écarts de coûts observés entre pays, ainsi que des règles de formation des prix des transferts internationaux au sein des FMN.
Eléments de transversalité
Les travaux du programme MIAP alimenteront des recherches transversales communes à celles des programmes DEFI et EMOI. En particulier :
-*2. l’analyse macroéconomique des effets de la déformation de la valeur ajoutée doit être complétée par une analyse plus microéconomique de la composition des inégalités (en lien avec des membres du programme EMOI).
-*3. l’analyse kaleckienne doit être appliquée aux pays en développement et confrontée à d’autres approches du développement (en lien avec des membres du programme DEFI). Il en va de même de problématiques relatives à la finance, qui a joué un rôle prépondérant dans les crises systémiques récentes et occupe une place centrale dans les modèles minskiens.
Membres du programme à titre principal : Angel Asensio, Frédéric Boccara, Bruno Jetin, Dany Lang, Jonathan Marie, Pascal Petit.
Membres du programme à titre secondaire : Emmanuel Carré, Mickaël Clévenot, Cédric Durand, Dominique Plihon. Le programme MIAP compte également plusieurs chercheurs associés membres du CEPN (Sébastien Charles, Marc Lavoie, Mark Setterfield).
Programme 7 – MASC (Modélisation et analyse des systèmes complexes)
Responsable : Damien Besancenot.
Axe de rattachement : Axe 3 (RIS). Par définition, un système complexe est formé par l’interaction d’un grand nombre d’entités indépendantes. Dans un système complexe, la multiplicité des interactions rend difficile pour l’observateur la prévision du comportement local ou global du système et la nature de l’ensemble des rétroactions.
L’objectif scientifique du programme «MASC» consiste à mobiliser des outils mathématiques et économétriques innovants afin de développer de nouvelles modélisations permettant l’étude des systèmes complexes dans le domaine des sciences économiques et de gestion. Cet objectif s’inscrit dans la continuité du groupe de travail interdisciplinaire « jeux à champ moyen et applications à la finance » développé dans le cadre du précédant quadriennal et s’inscrit dans la politique du CEPN – soutenue par l’université Paris 13 et le CNRS – visant à promouvoir les interactions entre mathématiciens et économistes.
Le recours à des techniques de modélisation avancées constitue l’élément fédérateur des membres du programme. Que la démarche scientifique des membres du programme soit théorique (Théorie des jeux classique, Jeux à champ moyen, Recherche Opérationnelle, Contrôle Optimal, Approches Biomimétique, Systémique et Connexionniste), empirique (modèles économétriques, en particulier, économétrie de séries non stationnaires et modèles non linéaires) ou procède par une démarche reposant sur des simulations (Modèles Micro-Macro basés sur l’intégration des modèles de Microsimulation et d’Equilibre Général Calculable, Modèles multi agents, Modèles de Simulation à variables continues, discrètes et hybrides, Economie Expérimentale), elle présente systématiquement le souci d’une approche formelle rigoureuse nécessitant la mise en œuvre d’un outil ou d’une technique quantitative spécifique à la modélisation des interactions.
Les membres du programme MASC entendent poursuivre et développer cette recherche en s’intéressant plus particulièrement à trois thématiques complémentaires :
-*La théorie des jeux à champ moyen (TJCM) et Finance mathématique, -*L’économétrie appliquée avancée (séries temporelles et donnés de panel non-stationnaires, modèles non-linéaires), -*La simulation (multi-agents, intégration de la microsimulation et de l’équilibre général calculable et économie expérimentale) La théorie des jeux à champ moyen (TJCM) et Finance mathématique La théorie des jeux à champ moyen est un nouveau paradigme qui permet d’étudier l’interaction entre les stratégies d’un continuum d’agents économiques. Dans cette approche, la prise en compte de l’interaction entre agents hétérogènes est résumée par référence à un champ moyen – constitué par l’ensemble de la population – qui influence les comportements individuels. L’interaction est alors formalisée par l’influence réciproque de chaque agent sur le champ moyen et du champ moyen sur chaque agent individuel. L’analyse permet en particulier de prendre en compte l’influence de toutes les externalités liées aux problèmes de classement et d’étudier la dynamique des distributions d’une caractéristique individuelle sur une population intégrant un grand nombre d’agents.
Concernant l’analyse des marchés financiers, l’objectif du programme est de revisiter les modélisations financières classiques pour en mesurer la robustesse et/ou en tirer des enseignements originaux. Par exemple, le recours à des processus à saut devrait permettre de mieux tenir compte, dans un cadre unifié, des problèmes de solvabilité d’emprunteurs publics ou privés.
L’économétrie appliquée avancée (séries temporelles et donnés de panel non-stationnaires, modèles non-linéaires) Le CEPN a une longue tradition en termes de modélisation économétrique appliquée. Dans la continuité de cette tradition, cette thématique de recherche vise à approfondir l’analyse en appliquant les outils les plus récents de l’économétrie à des questions économiques nouvelles, qu’elles portent sur des interactions macro ou microéconomiques, et à confronter sur des thèmes communs des approches sur données macroéconomiques et des approches sur données individuelles. En particulier trois types de modélisations pourraient faire l’objet de développements :
-*1. L’introduction de la non stationnarité dans l’économétrie des données de panel ;
-*2. La modélisation des effets asymétriques par des modèles non-linéaires ;
-*3. La simultanéité des décisions dans l’économétrie de données individuelles.
La simulation (multi-agents, intégration de la microsimulation et de l’équilibre général calculable et économie expérimentale) L’approche de la complexité des organisations pose le problème de la représentation de cette complexité. En réponse à cette difficulté, la simulation permet une analyse fondée sur des modèles dynamiques plus proches de la réalité des systèmes. La représentation des systèmes complexes sera abordée sous trois angles spécifiques.
-*1. Les modèles multi-agents qui tentent de reproduire par « homomorphisme » des comportements observés dans la réalité ; -*2. La simulation micro-macro qui propose l’intégration des modèles d’équilibre général calculables et des modèles de microsimulation ; -*3. L’Economie Expérimentale qui propose la reproduction en laboratoire de situations complexes dans lesquelles la rationalité individuelle est confrontée à une multiplicité des interactions.
Membres du programme à titre principal : Damien Besancenot, Jean-Michel Courtault, Delphine David, Antonia Lopez Villavicencio, Riccardo Magnani, Joël Oudinet, Nathalie Rey, Daniel Thiel, Julien Vauday.